La NeuroEducation Motrice souffre du fait que 90% du
temps de formation, d’enseignement et de pratique des kinésithérapeutes est
constitué par un travail de rééducation sur des personnes qui ont des lésions
locomotrices « périphériques » os, cartilage, ligaments, muscles,
cardio-respiratoire. Ces personnes n’ayant pas d’atteintes cérébrales,
retrouveront spontanément l’usage de l’outil quand il sera réparé puisqu’ils
ont gardé le mode d’emploi. Pour les personnes cérébrolésées, l’outil périphérique
s’est altéré consécutivement à la perte des neurones. Il faut donc
utiliser les neurones vicariants pour que la personne auto-organise
de nouvelles synapses pour trouver un usage fonctionnel ou prophylactique au
segment déficitaire. Ce n’est pas de la rééducation, c’est une Education
Motrice sur mesure pour chacun. Mais la vicariance (mise au travail de neurones
voisins de la lésion) ne peut se faire que dans une intention intense afin d’initier
un mouvement. On ne peut pas demander poliment au cerveau « voudrais
tu s’il te plait recruter ces neurones qui ne servent à rien? » L’initiation
d’un mouvement se fait dans une explosion « cognitivo-émotivo-sensitivo-motrice »
(Damasio 2006)[1] Chaque personne cérébro-lésée a un
patrimoine neuronal spécifique. Il faut donc faire non pas l’inventaire de ses
déficiences, mais le recueil de ses capacités. C’est beaucoup plus long, mais
on ne peut partir que du potentiel de la personne pour l’améliorer au 100% du
possible. Le malheur c’est qu’on essaye
de faire rentrer les personnes cérébrolésées dans des techniques et des espaces
conçus pour la rééducation des « périphériques ». Or le "le cerveau ignore les muscles,
il ne connait que le mouvement."( Axiome de Beevor 1903)
Le mouvement obéit à des lois physiques : points
d’appui et leviers (Archimède). Ces leviers sont mûs par 570 muscles qui agissent en synergies
dans des programmes appris et enregistrés. Mais le mouvement obéit aussi à des
lois psychologiques : désir d’obtenir quelque chose qui entraîne une
initiation du mouvement. Ce début de mouvement s’auto-organise implicitement
par essai erreur. Quand une stratégie obtient
l’objet du désir, le mouvement est enregistré (loi de l’effet Thorndike)[2].
Si cette stratégie échoue, on en essaie une autre (essai erreur).
Le bébé éveillé lance quotidiennement des milliers de
mouvements balistiques « désordonnés » sur ses bras et jambes. Il va peu
à peu ajuster la direction et la longueur. Puis il va utiliser ses 4 membres
comme leviers pour se tourner, tenir assis, se redresser, marcher. De temps en
temps il réagit aussi à des sollicitations physiques des parents ou des aidants
qui initient une posture nouvelle. C’est ce dernier mécanisme qui est
privilégié dans les rééducations neuro-motrices par les parents et
kinésithérapeutes. Or ce mécanisme est un temps bref dans l’apprentissage, il a
l’avantage de montrer l’objectif recherché. Mais il a le défaut de supprimer l’APA
(Ajustement Postural Anticipateur).[3] Assis, pour lever un bras, il faut au
préalable avoir contracté la synergie dorsale pour contrebalancer le poids du
bras vers l’avant). La guidance du kinésithérapeute supprime l’APA, il faut
donc un espace sécurisé pour que l’enfant le découvre et l’intègre.
Il y a 3 phases d’apprentissage, initiation, perfectionnement, expertise (lorsque la personne est capable de faire la tâche en pensant à autre chose) (Mesure Sultana 2008)[4]
Il y a 3 phases d’apprentissage, initiation, perfectionnement, expertise (lorsque la personne est capable de faire la tâche en pensant à autre chose) (Mesure Sultana 2008)[4]
•
En phase d’initiation : nous utilisons l’affordance de l’espace[5]
pour que la personne initie seule ses mouvements en sécurité. Nous
nous référons aux expériences
socio-constructivistes qui montrent qu’en phase d’initiation un groupe
d’enfants néophytes apprend plus vite qu’un groupe instruit par un moniteur
instructeur. (Famose et al. 1979)[6].
En phase d’initiation, une communauté de néophytes apprenant dans un espace
affordant est plus compétente que le plus compétent des kinésithérapeutes.Il
faut aussi proposer le bon item : trop facile la personne n’apprend rien,
trop dur, elle n’apprend rien non plus. Il faut donc un large
répertoire de possibilités (plus de mille items d’Education Motrice Quantifiée)
pour choisir les habiletés correspondant au niveau de la personne.
•
Cet espace sera utilisé aussi en phase de perfectionnement (répétition, loi universelle de la
pratique. Newell, Rosenbloom, 1981)[7].
Mais répéter des milliers de fois (pour automatiser) est lassant. C’est pourquoi il faut introduire d’autres modes de déplacements qui viennet varier les séances. Ce répertoire d’habiletés possibles adaptées à chacun ont été scorées (0 ou 1) afin de constituer une connaissance du résultat, »condition sine qua non de l’apprentissage » (Annett, J., & Kay, H. 1957) [8]
Motivation.
En
phase d’initiation comme en phase de perfectionnement, la motivation et le jeux
sont les éléments moteurs du mouvement. Caillois a répertorié 4 types de jeux: [9]
•
Jeux de compétition
(largement alimenté par le Plaisir d’obtenir le gain voulu (la posture puis le
score de postures acquises, le déplacement, puis la Vitesse du déplacement
etc…).
•
Jeux de hasards (très
peu utilisés dans les rééducations dirigées, il est pourtant un des moteurs
essentiels de l’apprentissage par auto-organisation. C’est de la profusion de
mouvements hasardeux que nait le mouvement réussi qui sera conservé (loi de
l’effet)
•
jeux de vertiges (également
très peu utilisés dans les rééducation dirigées, le déséquilibre est sans cesse
rattrapé par la dextérité et le savoir-faire du kinésithérapeute. (C’est
l’enfant qui est mobilisé sur un gros ballon par la main experte du kiné). La
personne n’a donc pas la sanction de son erreur d’ajustement postural: la
chute. En aménageant l’espace de façon à rendre la chute possible sans danger
et le redressement consécutif, la personne acquiert peu à peu (ou pas) ses propres Ajustements Posturaux Anticipateurs.
•
Jeux de simulacre:
c’est le principal écueil des rééducations cérébro-motrices sans cesse
entrainées dans des imitations de rééducations de traumatologie ou rhumatologie quand ce n’est pas carrément des
imitations de salles de fitness ou d’entrainement de sportif de haut niveau. Les
blessés de traumatologie comme les sportifs n’ont pas de lésions cérébrales,
ils peuvent corriger le défaut qui empêche l’amélioration de la
performance. Les personnes cérébrolésées ont moins de neurones au départ et
sont donc obligées d’inventer des solutions synaptiques inédites qui échappent
au savoir du kinésithérapeute. (et aussi au sien). L’auto-organisation se situe
dans l’implicite, à l’insu du patient.
[1] Damasio,
A. R. (2006). Erreur de Descartes (L'). Odile Jacob
[2]
Thorndike law of effect : Thorndike. The elements of psychology New York A.G. Seiler 1905.
[3] S. Bouisset Capacité posturo-cinétiques et
performances motrices Rougier Lacour. Posture Equilibre Solal 2006.p.47
[5] Affordance : « Capacité d’un objet à
suggérer sa propre utilisation » Exemple, la pédale appelle le pied, la
poignée appelle la main qui se moule avant de l’attraper à la forme de la
poignée. Gibson The Ecological Approach to Visual Perception 1979
[7] Newell, A., & Rosenbloom, P. S. (1981). Mechanisms of skill acquisition
and the law of practice. Cognitive skills and their acquisition, 1,
1-55
[8] Annett, J., & Kay, H. (1957). Knowledge
of results and skilled performance. Occupational Psychology.
Le plan.
1ère
partie Neurologie. Présentation.
1. Les paralysies périphériques flasques
2.
Les paralysies
et parésies cérébrales et médullaires spastiques
3.
Les troubles
des sensations superficielles et profondes.
4.
Les Ataxies
5. Les syndromes extra-pyramidaux (Parkinson)
2ème partie : la marche et les déplacements.
Il s’agit de loger cérébralement le déplacement par sa propre motricité.
Initiation à
la marche globale en adaptant
l'espace environnant aux capacités de la personne cérébrolésée:
1. Les
orthèses de pieds et genoux
2.
Quadrupédie
debout dans les barres
3.
Quadrupédie
debout au rollator ou avec canne
4.
Initiation à
la bipédie dans les barres
5.
Allongement
du périmètre de marche jusqu'à 1 km puis amélioration de la vitesse de marche
sur 1 km
Conférence 13 juin 2020 17h 30
Conférence 13 juin 2020 17h 30
6. Attention interne focalisée sur des
marches courtes 2 m ou 10 m
Attention focalisée sur certaines
séquences particulières :
7. Quantifier les habiletés possibles lors
des 4 phases de marche : appui unilatéral, pas postérieur, temps de
lévitation, attaque du pas
8.
Attention
focalisée sur la chute et le redressement du sol
9. Attention focalisée sur les membres pelviens :
renforcements, étirements , spasticité
Initiations concomitantes à d’autres modes de déplacements
- - Par appui des
pieds au sol : fauteuil roulant podal, petra-bike, cérébellifère, trottinette
à trois roues (tritonnette), draisiennes, trottinettes
- - Par appui des
pieds sur pédales: tricycles couchés
- - Fauteuils à
main, tricycle à main (hand trike)
- - Natation
- - Les déplacements
ludiques passifs (joëlettes, ski luges, parapentes)
3ème partie Le
membre thoracique
Eduquer la spasticité et lutter contre les rétractions en incorporant les membres supérieurs spastiques à l’équilibre des postures, assis, 4 pattes, debout
1. Quantifier les habiletés de traction grasping
Eduquer la spasticité et lutter contre les rétractions en incorporant les membres supérieurs spastiques à l’équilibre des postures, assis, 4 pattes, debout
1. Quantifier les habiletés de traction grasping
2. Quantifier les
habiletés d’appuis
3. Quantifier les habiletés d’adresse
3. Quantifier les habiletés d’adresse
4ème partie : formes d'apprentissages moteurs
:
-
Implicite explicite
-
Global ,
séquentiel, analytique
-
Behavioriste,
constructiviste
Quelle méthode pour mesurer l'efficacité des méthodes ?